
Parce qu’il y a presque un an, Nilda Fernandez est mort.
Je n’ai jamais pris le temps d’exprimer ma reconnaissance à cet homme d’avoir contribuer à sortir ma vie d’une impasse, d’une forme particulière d’enfer.
Jamais eu le courage non plus, oui il faut un peu de courage je crois pour assumer, ce que je vais écrire, sur un chanteur des années 80…
Alors rien ne vous oblige à poursuivre… n’hésitez pas ….
Pour commencer voici une play-liste regroupant 2 albums avec 2 titres en moins
(« Tener un ninio » non trouvé sur you-tube et « parce-que je t’aime ») et des vidéos plus ou moins judicieuses (de toute façon ça s’écoute les yeux fermés).
Play-liste : Nilda Fernandez 1993 et Innu Nikamu (mes 2 albums préférés introuvables en ligne)
Nilda Fernandez 1993
-
Ne me fais pas mal
-
De Londres
-
La derniere femme
-
Ultime rêve de l’amour
-
Sinfanai retu
-
Parce que je t’aime
-
Marie-Madeleine
-
Comprends-tu
-
On t’a appris
-
Mon je est un autre
-
Innu Nikamu
-
Sur la peau
-
Niña Bonita
-
Thanksgiving Day
-
Ça me rend fou
-
La Estrelle
-
Les sentiments forts
-
Tener Un Niño
-
Suite
Enfant, c’était la voix que j’avais choisie, celle qui m’a tant de fois extrait de la peur. Celle qui est venue me chercher, là ou je n’attendais personne, là ou le désespoir prenait racine.
C’est lui, ses quelques albums collectionnés, que j’avais pris comme parade au mâle qui rongeait ma famille, l’antidote à la peur, au dévorant mal de ventre, aux pleurs nocturnes, aux angoisses des soirées, aux sanglots des matins, aux crise de colères.
Soleil couchant de juillet, tant de beauté par la fenêtre, tellement d’absurdité dans la maison, Nilda hurlait dans mes enceintes (aujourd’hui sur une arnaque sentimentale aux encombrants).
Peur que cette vie ne soit que tristesse et médisances, soumission et colère, envie et frustrations.
Mais Nilda était là, il murmurait alors la chaleur des voyages, la chaleur des étreintes, la chaleur des autres, des vrais vivants, ceux qui se touchent, ceux qui vibrent, ceux qui vivent pour de vrai.
Et ceci même si la langue est inventée !
Peur de ressembler à … faute d’autres exemples. Il y avait Nilda, l’homme parfait… Celui qui dans toute sa fragilité faisait des apparitions incroyables…
Ne me fait pas mal
Cette voix, qui éclairait tous ces livres entassés, cadenassés dans l’indifférence d’une vie, ou tout a été écrit pour et par les autres. La poésie qui souffre, la poésie qui dit l’amour, l’absence, la beauté, le temps.
Bien avant que l’on me parle de mentor, j’avais choisi.
C’était Nilda le capitaine du bateau qui allait me sauver de cette noyade aseptisée.
Se choisir un père, une tâche ardue, disons qu’il fut ma première preuve tangible qu’il existait autre chose.
Que cela sonnait triste parfois, mais que tout au fond, il y avait la joie d’être soi.
Qu’un lieu pouvait nous marquer, pouvait nous faire sortir l’amour de l’instant, d’un sentiment, d’un vécu.
Que oui avant et après cela n’existe plus. Mais à un moment on l’a ressenti… On s’est même senti infini.e
Il était aussi possible d’aimer pour toujours quelques instants ! Si troublant que cela fut, je l’ai compris grâce à lui.
Un modèle, un autre, quelqu’un de se différent, qui m’a appris le rêve, la poésie, qui m’a montré des hommes autres.
Un contre exemple parfait, une spontanéité de feu. Une affirmation de soi à l’inverse de ce que l’on permettait dans mon milieu si tolérant.
Ce besoin d’insister sur sa voix… Au fond, pour moi, c’était les cheveux, le style, la roulotte, la tristesse utile. Tous ce qu’on taisait en complimentant sa voix…
Alors sa voix désolée maman mais je n’en n’avais cure…
C’était les bases de la tendresse, les bases de la sensibilité au monde, un réglage personnel, une onde difficile à capter, une folie qui dit juste.
Si tu n’aimes pas les années 80, le synthé, le lyrisme à 2 balles et bien je m’en fous, et lui aussi, ça dépasse tes impressions…
C’est beau.
Moi ce que je crois que c’était un modèle masculin. la virilité à l’état pure. Celle qui me fait rêver.
Nilda Fernandez était aussi mon premier pas dans la philosphie.
Un jour je suis allée à Venise comme Corto, Pratt à mes cotés, j’ai vibré, 9 jours d’extase, 9 jours de vie au pesto.
Et puis quelques années plus tard j’ai découvert ce titre…

Non pas Venise mais Madrid, la tension à vivre quelques heures peut éclairer une nuit. Oui, vous le savez, une rencontre, une révélation, un instant et tout à jamais est transformé.
En une nuit combien de fois ma vie à basculer ? En 5 minutes, en une semaine en 2 phrases, soudain tout s’effondre et soudain tout flambe joyeusement, la vie est si belle.
Le renouveau, cette liberté suprême, mais c’est entre autre Nilda qui l’a rendu possible.
Déterminer à quel point une oeuvre s’enracine dans vos entrailles, dans votre biographie, c’est délicat.
Nilda comme Souchon et Thiéfaine sont mon écorce. Nilda est le plus extrème de douceur, il est constitutuif de mes aspirations. Il est source d’inspiration totale, par ses erreurs, sa délicatesse.
Nilda à la Bouche d’air, sa guitare, un mètre entre nous (à peine), cette voix et moi en pâmoison.
21 ans le bonheur absolu, lui chemise à fleurs, vie de voyages, vie de compromis, vie abandonnée aux émois, pas tranchée, pas partisane.
Une vie à lui, son histoire, ce livre : cette femme, le sexe, l’indifférence, un soliloque, ce voyage de mes 13 ans à mes 32 ans, cette roulotte, cette guitare, la classe du foulard, le coté toréador.
Finalement cette masculinité si belle, ce charme, ce soleil dans la voix, ce sourire dans le regard. Cette façon d’être autrement, sans se prendre pour un exemple, juste faire sa vie, dire ses envies, vivre, se garder de savoir ce qui est bon pour la terre et le monde d’après… Vous savez tout le bordel des gens perchés… Oui il en aurait probablement été… Mais qui sait !
Et puis Venise !
Parce qu’il y a une tristesse à savoir que les grandes plateformes n’ont qu’un seul album…
Cette chanson a illuminé mes différentes correspondances anonymes … Oui anonyme, parce que la poésie est parfois dans l’anonymat !
Mes 2 albums fétiches sont introuvables… Tellement de gâchis !!!
Heureusement il reste quelques cds sauvés d’une énième kondoisation de mon double bénéfique.
En conclusion
C’est un texte de gratitude, parce qu’aujourd’hui je pourrai dire mille chose sur Nilda, mais il est constitutif de mon épiderme, c’est la seule vérité qu’il m’est autorisée, à son sujet…
Parce que je t’aime
https://soundcloud.com/orangekam/nilda-fernandez-parce-que-je-taime
Et ceci pour toujours